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Votre enfant est tannant ? Il dort peut-être mal

Les troubles respiratoires du sommeil, dont l’apnée obstructive du sommeil, sont grandement sous-diagnostiqués chez les enfants, et leurs symptômes pourront être faussement attribués à des problèmes de comportement comme le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), préviennent des chercheurs américains.

Ils ajoutent dans les pages du Journal of the American Osteopathic Associationque cela pourrait aussi être à l’origine de multiples problèmes de santé, qu’il s’agisse du développement neurocognitif de l’enfant ou encore de la croissance de ses tissus et de ses os.

Le pneumologue Kevin Vézina, du CHU Sainte-Justine, a discuté du problème avec La Presse canadienne.

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On associe davantage l’apnée du sommeil aux hommes bedonnants d’âge mûr. Est-ce que c’est un problème répandu chez les enfants ?

Environ 1 à 5 % des enfants font de l’apnée obstructive du sommeil. La majorité du temps, c’est secondaire […] à des malformations crâniennes qui font que les voies aériennes seront plus obstruées, ou à de grosses amygdales, de grosses adénoïdes qui bloquent le passage de l’air pendant […] le sommeil de l’enfant. Donc c’est quand même différent de l’apnée obstructive du sommeil chez l’adulte, qui est majoritairement reliée à l’obésité.

Donc ce sont deux problèmes différents.

On parle de deux problèmes différents. Par contre, on a de plus en plus d’enfants et d’adolescents qui vont avoir de l’apnée obstructive du sommeil secondairement à de l’obésité […] mais ça reste que la cause numéro un, c’est encore les grosses amygdales et les grosses adénoïdes.

Qu’est-ce que ça peut causer comme problèmes de santé pour les enfants ?

Ça entraîne surtout des problèmes neurocognitifs. En fait, surtout chez les plus jeunes, ce sont des enfants qui ont plus de difficultés à bien se concentrer à l’école sur la matière à apprendre, un peu plus d’hyperactivité aussi pendant la journée. Chez les enfants plus vieux, ça peut se manifester par de la fatigue diurne, s’endormir en classe ou dans l’autobus. Ça peut aussi entraîner des problèmes à long terme, des problèmes cardiaques par exemple.

Les chercheurs américains ratissent très large en énumérant de multiples problèmes de santé possibles. Êtes-vous d’accord avec eux ?

Effectivement je trouvais qu’ils ratissaient un peu large pour ce qui est du dommage neuronal et tout ça, mais au final on s’entend sur le fait que ça entraîne des problèmes neurocognitifs, en plus d’autres problèmes comme le TDAH, dont il faudrait s’assurer que ce n’est pas de l’apnée obstructive du sommeil avant de conclure à un diagnostic comme celui-là.

Est-ce que l’apnée obstructive du sommeil est mal connue des professeurs et autres intervenants auprès des enfants ?

Effectivement je pense que la problématique n’est pas connue de tout le monde. Ça fait en sorte que ce ne sera pas toujours mentionné lors de visites chez le médecin. Par contre, je pense que de plus en plus de gens savent que le diagnostic existe aussi chez les enfants. Je pense qu’on a aussi de plus en plus de connaissances par rapport à l’apnée obstructive du sommeil et ça augmente le nombre de consultations en pneumologie. Les gens sont de plus en plus au fait que ça peut être un problème important et que les conséquences peuvent être quand même importantes pour le développement de l’enfant.

Comment le problème est-il diagnostiqué chez un enfant ?

L’étalon d’or pour un diagnostic d’apnée obstructive du sommeil chez un enfant est un polysomnogramme. C’est un test de sommeil complet qui inclut entre autres un électroencéphalogramme […] pour voir les stades du sommeil, s’assurer que l’enfant tombe bien en sommeil profond, qu’il a bien du sommeil de rêve, qu’il ne se réveille pas trop souvent pendant la nuit justement parce qu’il ferait des pauses respiratoires.

Comment un parent pourra-t-il se rendre compte que son enfant fait de l’apnée obstructive du sommeil ?

Il faut savoir que 7 à 12 % des enfants sont des ronfleurs, mais seulement 1 à 5 % font de l’apnée obstructive du sommeil. Ce n’est pas parce qu’un enfant ronfle qu’il va nécessairement faire de l’apnée obstructive du sommeil. Le parent doit surveiller s’il y a d’autres signes en plus du ronflement. Premièrement, le ronflement doit être relativement fréquent, pas seulement quand l’enfant est malade, que ça se produise plus de trois nuits par semaine, au moins. Ensuite les parents doivent observer si l’enfant semble avoir de la difficulté à respirer pendant la nuit. Est-ce qu’il fait des sons qu’on appelle du «gasping», une grande inspiration comme s’il reprenait son souffle après avoir arrêté de respirer. […] Des fois […] les pipis au lit vont durer plus longtemps que prévu, ou recommencer […]. Si un enfant se réveille avec des maux de tête […] ce sera suspect qu’il y a eu une rétention de gaz carbonique parce qu’il a fait des pauses respiratoires pendant la nuit.

Une fois le diagnostic posé, comment aide-t-on ces enfants ?

Habituellement comme la cause principale sera souvent de grosses amygdales et de grosses adénoïdes, on les enverra vers un ORL […] pour voir s’il y a indication de les enlever. Ce sera la première ligne lors d’une apnée modérée ou sévère chez les enfants. […] Par contre, si les problèmes persistent après l’opération, il y certains enfants pour qui on devra discuter d’un CPAP (un appareil de ventilation à pression positive continue, NDLR), donc la même machine que pour les adultes qui font de l’apnée obstructive du sommeil. Mais dans 80 % des cas, la chirurgie réglera le problème chez les enfants non obèses. Mais si c’est de l’apnée obstructive légère, on pourra se permettre de traiter avec des corticostéroïdes nasaux, des médicaments anti-inflammatoires qui peuvent réduire suffisamment la taille des amygdales et des adénoïdes pour que ça puisse régler le problème sans chirurgie.